2018-06-08


Quand la lueur devient lumière !

La Manécanterie joue le rôle d'ambassadeur de la ville d'Ottmarsheim pour son 1er Festival des Chants & des Lumières Octophonia. Ce festival fêtera la fin des travaux de restauration de son abbatiale octogonale Saints-Pierre-et-Paul qui auront débuté il y a 27 à la suite d'un incendie.

A ce titre, le chœur de Colmar doit rencontrer six chœurs situés sur l'itinéraire culturel européen Via Habsbourg (Constance, Innsbruck, Nancy, Saint-Blasien, Stams et Vienne) ainsi que le chœur de la Cathédrale d'Aix-la-Chapelle dont l'abbatiale alsacienne en est la réplique de la chapelle palatine.
Les huit chœurs formeront alors un chœur unique de 300 voix pour chanter le Carmina Burana de Carl Orff avec l'orchestre symphonique de Mulhouse dirigé par Jacques Lacombe. Pour l'occasion, l'abbatiale sera mise à l'honneur par des projections lumineuses qui vont être spécialement conçues par Damien Fontaine, célèbre pour avoir œuvré au Festival des Lumières de Lyon.
L'été dernier, la Manécanterie est allée à la rencontre du Domchor Sankt Blasien de Saint-Blasien, du Jugendkantorei de Contance, du Stiftschor de Stams et du Domchor Sankt Jakob d'Innsbruck. Il reste à rencontrer l'ensemble musical Gradus Ad Musicam (Nancy) cet été, le Neue Wiener Stimmen de Vienne et le Mädchenchor am Aachener Dom d'Aix-la-Chapelle d'ici la fin de cette année.Nouveau paragraphe
Mais la fête commence d'ores et déjà à Ottmarsheim avec les préludes au Festival qui se tiendront jusqu'au mois d'Octobre. Ces préludes ont pour but de recevoir un à un les différents chœurs rencontrés par le chœur ambassadeur. A cette occasion, ils pourront se produire lors d'un premier concert à l'intérieur de l'abbatiale dont l'acoustique est hautement réputée mais qui ne peut pas, de par sa taille, accueillir les huit chœurs simultanément. Pour clore les festivités, un second concert est ensuite organisé avec le chœur ambassadeur dans l'abbatiale.
Ce samedi, la Manécanterie a donc ouvert son premier prélude avec le Stiftschor de Stams dirigé par Michael Anderl.

Durant une heure, les chants se sont succédés, entonnés tantôt par un seul des deux chœurs, tantôt par les deux. Chacun des chœurs a démontré sa maîtrise de l'art choral et l'alliage des deux a forgé un remarquable joyau de pureté vocale.
Cependant, Octophonia étant le Festival des chants & des lumières, le prélude n'a pas dérogé au concept. Le joyau vocal formé par les deux chœurs, déjà mis en valeur par l'acoustique exceptionnelle de l'abbatiale, a été placé dans un écrin d lumière. Par un jeu de technique pointue de mapping, les murs de l'abbatiale se sont vus habillés de fresques mettant en relief les textes chantés et à l'honneur les différentes villes qui vont être réunies en 2019.
Plus qu'un décor, les fresques signées Julien Elbisser ont été imaginées pour distiller tout le long du concert symboles et lieux de la dynastie Habsbourgeoise. Certains visiteurs ont pu et pourront ainsi retrouver de subtils détails évoquant leur ville d'origine. Par sa sobriété, la lumière accompagne le chant dans ses nuances, dans ses notes et dans ses tons sans jamais en prendre le dessus. Au lieu d'assommer le spectateur sous un déluge d'effets visuels (il faut dire que ce dernier est dans l'espace réduit de l'intérieur de l'abbatiale), elle l'invite à un voyage culturel et historique inédit duquel il en ressort émerveillé.
Concept inédit et audacieux, Octophonia est né ce week-end. Et quel beau bébé ! Le public est venu assez timidement, certes. Il faut avouer que le concept ne peut être bien appréhendé que s'il est vécu. Mais le moment de joie et de partage vécu par les deux chœurs sous les yeux captivés du public a généré un moment d'émotion intense, sincère et spontané. Les applaudissements et les ovations d'un public debout l'ont bien démontré. Le public a pris part à la fête.

Nous ne pouvons qu'être confiant en l'avenir d'Octophonia qui, s'il perdure - et il perdurera -, s'inscrira parmi les plus grands festivals culturels français.


(Publié le mardi 8 juin 2018)
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