2018-11-02


Octophonia : quand le chant et la lumière s'unissent pour la Paix et l'unité européenne

« Je suis de ceux qui croient que le monde grandit grâce et à travers la musique, qu’il se construit collectivement grâce à elle quand tant d'autres choses le divisent ! ». Ce sont sur ces paroles de paix que Marc Munck, maire d’Ottmarsheim, a introduit samedi soir le dernier des six préludes à son festival européen des chants et des lumières Octophonia.

Lancés en juin dernier avec le Stiftschor de Stams dirigé par Michael Anderl et la Jugendkantorei de Constance dirigée par Steffen Schreyer, et après une pause estivale, les préludes ont repris fin septembre pour s’achever samedi dernier. En cinq week-ends, les quatre derniers préludes ont successivement accueilli le Domchor St Jakob d’Innsbruck dirigé par Christoph Klemm, le Gradus Ad Musicam de Nancy dirigé par François Legée, le Domchor St Blasien dirigé par Michael Neymeyer et le Mädchenchor am Aachener d’Aix-la-Chapelle dirigé par Marco Fühner.
Le temps de deux concerts, le vendredi et le samedi soir, chaque chœur a eu l’occasion de s’exprimer au sein de la magnifique abbatiale Saints-Pierre-et-Paul d’Ottmarsheim à l’acoustique de grande qualité pour un spectacle autant musical que visuel.
Mädchenchor am Aachener d’Aix-la-Chapelle
Ambassadeur de la ville d’Ottmarsheim pour ce festival, la Manécanterie a eu l’immense plaisir de retrouver chaque samedi, les chœurs qu’elle avait rencontré lors de ses deux dernières tournées estivales. Et c’est avec autant d’honneur qu’elle a pu associer ses voix pour le second concert.
La projection de fresques lumineuses sur des monuments est une pratique qui se répand. Mais les projections ont toujours lieu sur les parois extérieures du bâtiment. Octophonia se démarque dans le fait que, pour les concerts, l’intérieur de l’abbatiale se transforme en un véritable écrin de lumière. Ses murs, ses pilastres, ses voutes et son dôme s’animent de fresques vivantes signées Julien Elbisser. Chaque tableau de l’artiste distille quantité de détails architecturaux et historiques de chacune des huit villes conviées pour ce festival d’exception.

Techniquement, il a fallu conjuguer avec l’étroitesse de l’intérieur de l’abbatiale : distances entre les projecteurs et les surfaces à animer ; projection d’une image plate sur des surfaces proches en relief comme les pilastres ou encore l’intérieur du dôme concave ; cohabitation des projecteurs et du public avec la nécessité d’éviter de l’étouffer avec la chaleur rayonnée et d’être le moins bruyant possible pour ne pas nuire à l’audition… Autant de difficultés qui font d’Octophonia un véritable défi technique, inédit en Europe. Toutes ces difficultés ont été maîtrisées et le défi assuré avec brio par la société T.S.E. dirigée par Jérôme Bigeard.

Timides au moment du lancement des préludes, les spectateurs sont venus de plus en plus nombreux au fil des week-ends pour assister à ce spectacle magique. Durant une heure, ils ont été invités à un voyage dans l’espace et dans le temps sans quitter leur siège. Bercés par des chants signés Beethoven, Brahms, Fauré, Mozart, Mendelssohn, Schubert – pour ne citer que les plus célèbres – les spectateurs se sont retrouvés transportés en lisière de forêt, dans les Cathédrales de Saint-Blasien et d’Innsbruck ou encore dans la Stefanskirche de Constance... L’illusion était complète !
Gradus Ad Musicam de Nancy
Chaque concert s’articulait en trois temps. D’abord, en sa qualité d’ambassadeur, la Manécanterie ouvrait seule le concert par un ou deux chants de son répertoire. Puis, le chœur hôte prenais le relais pour interpréter à son tour son répertoire. Enfin, les deux chœurs se réunissaient sur scène pour un final au lyrisme indiscutable, sur des chants à la sensibilité accentuée transportant le spectateur au paroxysme : Cantique de Jean Racine de Gabriel Fauré, La pitié de Dieu du compositeur alsacien Bernard Lienhardt ou encore The Lord bless you and keep you de John Rutter sont autant de titres qui atteignent l’auditeur au plus profond de son cœur, au plus profond de son âme et qui, de toute évidence, ont fait mouche dans ceux des spectateurs qui sont ressortis de l’abbatiale conquis.
Mädchenchor am Aachener d’Aix-la-Chapelle
La lumière a-t-elle sublimée le chant ou bien est-ce le chant qui a magnifié la lumière ? Difficile de le dire tant le mariage des deux donne un résultat inoubliable.

L’abbatiale, transformée en Cathédrale de lumière, a accueilli durant six week-ends des anges venus d’Allemagne, d’Autriche et de France apporter, de leurs voix pures et maîtrisées, la sérénité, la fraternité et la paix.

Marc Munck croit en la puissance apaisante de la musique. Le festival Octophonia en est la preuve irréfutable et, dans le même temps, une mise à l’honneur de la musique et de sa manière d’éclairer le monde.
Les préludes sont finis, au grand regret du public venus remplir l’abbatiale pour cette dernière représentation. Mais le festival Octophonia n’est pas fini pour autant. Son final, prévu en juin 2020, réunira les huit chœurs conviés aux préludes pour chanter dans le parc à l’extérieur de l’abbatiale. A nouveau, le répertoire choisi ne laissera pas indifférent : le lyrique Carmina Burana de Carl Orff. La musique sera jouée par l’orchestre symphonique de Mulhouse sous la direction de Jacques Lacombe. Le temps du festival, pour célébrer la fin des travaux de restauration, l’abbatiale changera d’habits pour revêtir, sur ses murs extérieurs cette fois, de nouvelles fresques lumineuses signées par le célèbre Damien Fontaine.
Les préludes étaient exceptionnels, le final promet d’être tout aussi inoubliable. Le rendez-vous est donc donné pour le mois de juin 2020.

Cela peut paraître loin ? Marc Munck en a conscience et a annoncé que la commune d’Ottmarsheim travaillait sur un nouvel événement, similaire aux préludes, et prévu pour le mois de juin 2019. De quoi nous faire patienter avant ce grand final tant attendu.
(Publié le vendredi 2 novembre 2018)

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